À la nuit_Anna de Noailles
Ecoutons la voix d’Anna. Anna de Noailles, princesse roumaine épousant par le mariage le nom des pairs de France pour séduire les cours d’Europe et les jeunes turques de la fraiche troisième république. Anna, tout de même descendante du prince valaque, symbole d’un chic, d’une élite, bien loin du poète maudit? Anna première femme commandeur de la légion d’honneur. Anna trop encensée pour ne pas être moqué par les dandys, surtout de petits chemin. Anna au talent immense, venu de loin, des Carpates, pour livrer le secret des cœurs dans l’aurore incertaine du début de siècle. Anna, amie de Barres, de Clémenceau, de Gide, Proust ou Paul Valery, qui s’empressent dans son salon de l’avenue Hoche. Mais Anna, loin du monde et de ses effets, Anna au lyrisme passionnée, qui tournera toute sa vie autour de trois vibrations poétiques : la mort, l’amour et la nature. En 1901, à 23 ans, Le Cœur innombrable dont est tiré « à la nuit » dit déjà tout de cette sensibilité plus que féminine.