Deuxième poète maudit cité dans l’ouvrage éponyme de Verlaine, mais sans doute le plus célèbre de tous, voici Rimbaud Arthur et son Ophélia.
Ophélia personnage de Hamlet, pièce de Shakespeare, complexe et violente, éternelle source d’inspiration.
Ophélia qui sombre dans la folie et meurt par accident ou par suicide. Ophélia satellite naturel de la noire planète Uranus, mineure détournée de l’attraction des astres. Ophélia, jeune fille chérie de la mélancolie symboliste ; où quand la métaphore de la noyade comme abandon cache mal la figure du rapport impossible.
Car Ophélia toujours représentée au clair de Lune, avec des fleurs, sa chevelure et sa robe étalées autour d’elle, flottant sur l’onde, paisible, semblant plus endormie que morte, Ophélia et son destin où l’ambivalence de l’eau, à la fois matrice et cause de la mort, évoque aussi le désir, Ophélia et avant et après elle le long cortège des belles endormies et des noyées éternelles, Ophélia est, osons le gros mot, une figure de l’eternel féminin.
Où es tu Ophélia et ton corps disloqué hante-t-il ces lumineux coraux des cotes guinéenne?
Mais le jeune Rimbaud n’est pas l’hétéro patriarcal qui se repait de ses visions de femmes muettes, et il est encore loin le cauchemar d’Abyssinie et les rêves de vendeur d’arme. Son Ophélia a l’œil bleu effaré, elle choisit la tempête furieuse et rêve déjà de bateau-ivre. Car la passivité de la princesse endormie ne suffit pas, il y a l’âpre liberté. Il y a l’appel des grands vents et les rêves de liberté auxquels elle se fond comme neige au feu. Et puis parce qu’Ophélia au fond c’est un peu Arthur lui même.