Premier chant de Maldoror_Lautréamont
Retour dans le lourd du poète maudit. : « Lautréamont les chants de Maldoror
Tu n’aimes pas moi j’adore » fait chanter Gainsbourg a Birkin.
Le comte de Lautréamont, Isidore Ducasse de son vrai nom, Lautréamont vraisemblablement emprunté au roman éponyme d’Eugene Sue. Isidore, jamais diffusé de son vivant, mort à 24 ans en 1870 alors que le second empire s’effondre, sans doute de la tuberculose. Isidore avec Rimbaud, bien que ne l’ayant jamais croisé, devenu l’archétype du poète révolté.
Isidore dont même la tombe a disparu, Isidore et sa transe dans le langage, ses sautes de ton et de sens. Lautréamont et ses chants, comme une litanie obscure et pourtant lumineuse, parsemés des éclairs de la beauté convulsive, celle si chère à Breton. Tout devait faire du comte le précurseur revendiqué du surréalisme.
Mais au delà de la fascination surréaliste, déjà à son époque, le fin et précis esprit Léon Bloy notait que : « les sataniques litanies des Fleurs du Mal prennent subitement, par comparaison, comme un certain air d’anodine bondieuserie. Et quant à la forme littéraire, il n’y en a pas. C’est de la lave liquide. C’est insensé, noir et dévorant. ».
La remise en cause de l’ordre établi, la révolte contre toute convention, et même le dégout de l’espèce humaine. Tout est là pour parler à l’oreille de l’éternel adolescent lecteur de poèmes. Et même plus, un titre comme une pochette d’album dont la beauté se suffit à elle-même : « Les chants de Maldoror , par le Comte de Lautréamont »…
Lautréamont qui intéresse aussi les philosophes, comme Gaston Bachelard qui décrypte dans sa poésie et son bestiaire prodigieux, une psychanalyse de l’animal et propose un « syndrome de Lautréamont ». C’est-à-dire à la fois une fascination pour l’animal qui assaille l’imagination, comme on le voit chez les enfants les fous et les poètes, mais aussi une tendance à faire régresser l’homme vers la bête, voir à les substituer l’un à l’autre.
La litanie, la danse des mots, la transe du verbe sont là dès ce premier chant qui avertit le lecteur du danger auquel il s’expose à la lecture de ce texte, mais aussi la blague et une entrée en matière directe du fameux « syndrome de Lautréamont » avec cette étonnante image de la vieille grue comme figure la sagesse.